HomeÉchos de chez-nous › LA VIE CHEZ-NOUS

LA VIE CHEZ-NOUS


A toute la famille, amis(es) et sœurs de la congrégation NDPS n’ayant pu assister aux funérailles de sœur Fernande Légaré, vu les circonstances actuelles, nous vous présentons la cérémonie qui a eu lieu le 13 novembre dernier à la Chapelle de la Maison mère.


Autobiographie de Sœur Fernande Légaré (Sr Catherine-de-Sienne)

Je suis née le jeudi 26 juillet 1928 et baptisée le même jour sous les prénoms de Marie, Anne, Yvonne, Fernande. Anne parce que c’était le jour de la fête de sainte Anne et Yvonne, le nom de ma marraine. Nous habitions à cinq minutes de l’église au Trait-Carré de Charlesbourg. Mon père se nommait Charles-Émile et ma mère, Maria Déry. Nous étions également à cinq minutes du couvent où j’ai fait mes études élémentaires sous la direction des SS. du Bon-Pasteur. Une sœur de sœur Germaine Laliberté fut mon institutrice. J’aimais aller à l’école et je n’avais pas de difficulté à apprendre. À cette école, il y avait des pensionnaires. Quand il se faisait des pièces de théâtre, nous complétions les acteurs selon les besoins. J’ai ensuite pris le chemin de la ville pour faire un cours commercial. J’ai travaillé durant cinq ans à Québec dans un bureau et c’est en lisant l’Événement, le journal du jour, que j’ai appris qu’il se donnait une fin de semaine de discernement pour les vocations…

J’ai toujours su que je serais religieuse mais le moment n’était pas venu. Nous avions une belle vie de famille, et les amis et amies étaient toujours bienvenus à la maison. Nous dansions, chantions et nous nous amusions. Mon père, soucieux de nous garder ensemble, avait construit un chalet à Bourg-Royal, à environ une demi-heure de chez nous et nous y allions très souvent avec les amis. Il nous conduisait aussi pour faire du ski au Lac Beauport.

Suite à l’article du journal, j’ai décidé de me rendre à Saint-Damien tout en ne sachant pas où c’était. Dans l’autobus, j’ai rencontré Françoise Paré qui allait à la même place ! Nous avons été accueillies à la Maison Brousseau et nous avons suivi les instructions de l’abbé Joseph-Henri Gariépy. Pour lui, c’était clair, ma place était à Saint-Damien…

Je suis restée à la prise d’habit qui avait lieu le lundi. J’ai « braillé » toutes les larmes de mon corps car je n’avais jamais assisté à une telle cérémonie. Je revins à Québec où je devais donner ma démission au travail et acheter le trousseau. Le plus difficile, c’était de le dire à mes parents. Je l’ai dit à maman qui a averti papa. Ce fut très pénible pour lui car je faisais sa correspondance et sa tenue de livre. Un ami de la famille s’est offert pour venir me conduire à Saint-Damien le samedi suivant. Les Sœurs ne pensaient pas que je reviendrais…

Je n’avais jamais pensé qu’un jour j’enseignerais mais c’est ce que j’ai fait pendant 40 ans. Les débuts ne furent pas faciles mais on a cru que j’avais « l’étoffe » pour ce métier. J’ai étudié au Scolasticat, à Frédéricton, à Ottawa, et j’ai eu une bourse d’étude pour Vancouver. Tout ça pour donner un meilleur service : j’ai aimé mes élèves et leur ai donné le meilleur de moi-même. Quand j’ai enseigné l’anglais au Collège, mes fins de semaine se passaient à la Fraternité, notre maison de retraite.

Lorsque le Collège de Saint-Damien a fermé ses portes, sœur Alice Roy m’a nommée responsable de la Fraternité, poste occupé depuis 1991. Là, je me trouve au paradis terrestre et je le dis à tous ceux qui viennent.  J’aime faire le ménage du terrain au printemps et à l’automne et j’aime recevoir les groupes. Le Lac Vert est pour moi une oasis dans la belle nature du Bon Dieu. Quel sacrifice quand j’ai dû céder ce travail à une autre…

Le 10 avril 2010, j’étais récipiendaire de la médaille du Lieutenant Gouverneur en reconnaissance des services rendus aux personnes âgées par l’entremise d’Entr’aide Solidarité Bellechasse. Je suis membre du C.A. depuis quelques années où on m’a demandé de faire les procès-verbaux des réunions.

Chère Fernande,
Tu as été une compagne agréable, toujours souriante, dévouée… Quel merveilleux professeur d’anglais tu as été ! Tu aimais te cultiver et en entraîner d’autres à travers les exercices offerts par Vie Active. Tu adorais jouer au Scrabble et tu y excellais. Tu espérais finir tes jours à la Maison St-Bernard mais les soins dont tu avais besoin ont nécessité ton transfert à l’infirmerie de la Maison mère. Malgré l’épreuve que cela représentait pour toi, tu as su remplir ton quotidien de reconnaissance et d’émerveillement devant tous les soins prodigués. Tes rapports avec le Seigneur sont restés les secrets du Roi ! Sainte Anne recevait ta visite la journée de sa fête et de ta fête ! Elle était sûrement là pour t’accueillir quand le Seigneur t’a fait signe de le rejoindre !

Merci pour tout. Tu resteras dans nos cœurs. Ne nous oublie pas en ces temps d’incertitude que nous vivons.