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LA VIE CHEZ-NOUS


A toute la famille, amis(es) et sœurs de la congrégation NDPS n’ayant pu assister aux funérailles de sœur Solange Gagnon, vu les circonstances actuelles, nous vous présentons la cérémonie qui a eu lieu le 20 novembre dernier à la Chapelle de la Maison mère.


Autobiographie de Sœur Solange Gagnon (Sr Ste-Thérèse)

Je suis née à la paroisse de Lac Mégantic le 23 octobre 1934. Je suis la troisième de douze enfants dont  cinq sont encore vivants. Mon père, Paul Gagnon était comptable et ma mère, Laurette Royer était femme à la maison. Je crois que ma vocation remonte à l’âge de huit ans et que le Seigneur m’appelait pour que je me donne aux soins des orphelins. Je rêvais même d’être missionnaire.

Je raconte ce chagrin de ma petite enfance : les tantes des États-Unis nous avaient apporté de jolies poupées en caoutchouc et nous passions de belles heures, mes sœurs et moi, à jouer à la maman sur le parterre devant la maison. Un jour, nous nous sommes absentées pour aller courir ailleurs et au retour, les bébés avaient disparu… Ce fut une grande peine qui nous a marquées pour la vie. Papa et maman savaient qui avait fait ce vol et ils en ont profité pour nous apprendre à donner…

Et la vie se continue. À l’âge de douze ans, alors que j’étais pensionnaire avec ma sœur, les religieuses nous ont fait prier pour une maman très malade … c’était la mienne…Papa gardait toute cette inquiétude pour lui. Aux vacances, nous avons logé chez nos tantes et au retour à la maison, maman est revenue avec un bébé, après 3 mois d’hospitalisation. Peu de temps après, ma sœur de onze ans partait pour le ciel.  Maman nous a dit : « Le bon Dieu en voulait une autre pour adoucir notre peine ».

Les années se sont suivies. À seize ans, je pensais de plus en plus à entrer au couvent, l’idée me poursuivait sans cesse.  Un soir, je rôdais à bicyclette autour du presbytère en me disant : si j’entrais demander à monsieur le Curé comment faire… J’ai rencontré une amie qui m’a dit : « Je m’en vais faire un cours d’enseignement ménager à Sainte-Germaine ». Je lui ai demandé l’adresse. Peu de temps après, je partais moi aussi et c’est de là que j’ai décidé de faire mon entrée au couvent de Saint-Damien la même année. Le cours était en mai et j’entrais au postulat en août 1952.  Quelle affaire ! Personne ne le croyait, on me voyait revenir sous peu !

Mais moi, je voulais toujours m’occuper des orphelins. Personne ne m’en empêcherait, même pas le souci de l’argent. J’ai demandé à mon père et il s’est sacrifié pour moi. Quand j’y pense… La Providence m’a toujours poursuivie mais je pense que c’est grâce à la prière de ma mère qui terminait toujours la prière du soir par l’invocation à Notre-Dame du Perpétuel Secours. Voilà : Notre-Dame m’a choisie !

Mais je restais Solange…Incroyable : la persévérance tient toujours ! Un jour, au noviciat, Mère maîtresse m’a dit : « Nous nous proposions de vous retourner chez vous…» J’ai posé un acte qui l’a fait changer d’idée : en passant près des habits des professes, j’accroche un voile avec mes grandes épingles de garde-manches et lui fait un accroc. Je l’ai apporté chez Mère maîtresse en m’accusant. Ce fut ce point qui a fait qu’elle m’a gardée.

Et voilà. Je me plais à dire que je suis Ste-Thérèse, « la moyenne », parce qu’il y en avait déjà une petite (sainte Thérèse-de-l’Enfant-Jésus) et une grande (sainte Thérèse D’Avila).

Chère Solange,
Tu as été une religieuse de toutes les besognes sauf missionnaire comme tu le désirais mais selon la volonté de Dieu… Femme très active et très volontaire, tu as fait ton chemin à travers ombres et lumières et nous avons apprécié la compagne «tout d’une pièce» que tu étais. Merci pour tout ce que tu as donné de toi-même en coiffure, en couture et pour la conduite automobile. Quand la maladie t’a visitée, tu as tout fait pour mener quand même une vie active malgré la souffrance qui ne t’a pas épargnée…Tu étais une grande priante et le Seigneur t’a donné le courage et l’acceptation de ce qui se dessinait à l’horizon…

Repose en paix Solange et dans le grand bonheur qui est tien, ne nous oublie pas. Nous prions pour toi et nous souviendrons de toi.