LA VIE CHEZ-NOUS
MÉDÉE ET LA DÉVOTION À SAINTE ANNE
Je suis né dans le beau village de Château-Richer
qui vient juste avant celui de Sainte-Anne-de-Beaupré.
Tout jeune, j’ai appris deux mots d’anglais : « six miles »
que je disais fièrement aux tourisses qui demandaient leur chemin.
Plus tard, durant l’été, je gagnais des sous en travaillant à l’hôtel.
À la neuvaine sainte Anne, à l’heure de la procession aux flambeaux,
je m’installais à la fenêtre pour voir le magnifique spectacle,
en espérant toujours voir un miracle de mes propres yeux vu!
En arrière de la basilique, y avait assez d’appareils de toutes sortes
accrochés au mur : des béquilles, des cannes, des bandages, etc.
qui rappelaient des centaines de miracles faits par sainte Anne.
Je me disais que c’était normal qu’à l’en fasse au moins un par année.
Ben, j’en ai jamais vu! Avec le temps, j’me dis qui a toujours eu un grand miracle :
cé celui de voir autant de monde venir pour prier la grande sainte.
Y en est toujours venu de partout : jusque des États! Cé pas peu dire!
Pis là j’ai commencé à me d’mander depuis quand c’te dévotion avait lieu.
En fouinant sur Internet, j’ai vu que c’était pas nouveau pantoute!
Y avait des photos pis des noms : La vieille Sainte-Anne-de-Jérusalem,
Sainte-Anne-de-la-mer, Sainte-Anne-de-Londres, de Belfast, pis d’autres pays.
À mon dire, ce culte doit ben r’monter dans les premiers siècles de l’Église!
Queq’chose m’a ben surpris. J’pensais qu’elle était à nous autres, cette sainte-là!
Ben non! Imaginez-vous donc que la dévotion remonte à l’année 1629!
Pis c’est pas pantoute à Québec que ça commencé mais au Cap-Breton!
Paraîtrait qu’elle a sauvé des marins bretons qui lui ont bâti un sanctuaire…
« Personne n’est prophète dans son propre pays », dit l’adage.
Et on le voit ben de nos jours. Par icitte, on la connaît presque pus, sainte Anne!
On n’a rien qu’à aller à Sainte-Anne-de-Beaupré. Qui c’é qui vient la voir?
En majorité des Américains, des Indiens, pis ben du monde d’autres pays.
Mais comme sainte Anne est une grande sainte, elle s’en fait pas avec ça.
J’ai pour mon dire qu’elle s’occupe de ceux qui veulent ben s’occuper d’elle!
J’ cré qu’elle a une préférence pour les p’tits coins de pèlerinage à son intention.
À mon avis, un de ses endroits préférés, cé Saint-Damien-de-Buckland!
Dans ce coin de pays, des p’tites sœurs pis des paroissiens
lui rendent hommage durant toute une neuvaine, l’été.
Ils font une procession du tonnerre avec chants et prières
et une de ces messes solennelles à en faire entrouvrir le ciel!
Ça fait que Dam’rise pis moé, on est ben décidé.
On va aller à Saint-Damien pour lui rendre hommage.
Cé qu’on a pas mal de miracles à lui demander.
On souhaite qu’à nous mette dans ses priorités…
On a hâte de réentendre les chants qu’on chantait jadis :
Vive sainte Anne! Laudate Annam! Vers son sanctuaire, etc.
Cé ben vrai qu’on n’a pus les voix qu’on avait dans le temps,
mais on a un cœur qui chante avec plus de force, on dirait!
Et j’sus ben sûr que sainte Anne, c’est ça qu’elle regarde : le cœur!
Et pis rendez-vous à la neuvaine du mois de juillet,
à la chapelle Sainte-Anne-des-Montagnes à Saint-Damien.
Si jamais vous allez ailleurs, ce sera ben itou!!!
Le principal, cé de lui rendre hommage pour sa fête!
À la r’voyure donc!
Médée