MISSION HUMANITAIRE
Le 13 septembre 2012, j’annonçais sur mon blogue tout neuf, « Lucie au Niger », que je partais dans un mois pour la première fois en Afrique. Même si cela semblait soudain, ma décision de faire de l’aide humanitaire remonte à beaucoup plus loin. Quand j’avais 18 ans, j’ai été choisie pour faire partie de la délégation canadienne de Jeunesse Canada Monde. Cette organisation permettait de faire de l’aide humanitaire pendant une année, sur quatre continents, à raison de trois mois à chaque endroit. Malheureusement, un problème de santé m’empêcha d’y participer. Cinquante ans plus tard, le désir de partir à l’étranger était toujours aussi fort. Et j’ai passé du rêve à la réalité.
D’abord, il faut dire que je connaissais les sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours (NDPS) pour avoir été pensionnaire chez elles. Puis, j’ai appris qu’elles avaient des missions en Afrique. Un de leur apostolat étant l’enseignement, je me suis dit, comme enseignante, que je pourrais peut-être me joindre à elles. C’était le match parfait !
Ensuite, tout va très vite. Après m’être inscrite, je reçois une formation missionnaire de 4 fins de semaine à Saint-Damien et l’équipe de formation nous associe à une mission qui convient à nos intérêts et à nos capacités.
Le 6 novembre 2012, je m’envole pour l’Afrique. Les salutations, les bisous, les câlins sont donnés. Mon cœur se dirige lentement vers une vie nouvelle. Je suis heureuse de partir. J’ai hâte d’être au travail et de vivre le quotidien africain. J’ai plein d’idées, de projets mais sont-ils réalisables ? J’espère que oui. Je sais que mes premiers jours là-bas seront meublés d’écoute et de discernement. Après, je vais devoir faire des choix éclairés pour bien aider mes élèves africains. C’est vraiment ce qui me rend un peu nerveuse. Le confort, la nourriture m’apparaissent tellement secondaires.
Douze heures et plus d’avion ! Me voici à l’aéroport de Niamey. Il fait 39 degrés. Après quelques secondes, je suis complètement en sueur. On vérifie mes papiers, mes bagages, des dizaines de personnes s’offrent pour les transporter, puis, je dois négocier pour garder la valise qui contient les objets pour l’école… Enfin ! La religieuse arrive. Nous prenons un porteur puis nous nous rendons à la résidence, dans une très vieille voiture.
La communauté est logée dans deux bâtiments face à face dans une grande cour entourée de murs. Les maisons et les écoles sont en ciment. Tous les planchers sont en tuiles de céramique. L’ameublement de la maison est composé de beaucoup d’armoires en métal pour éviter l’envahissement des termites. Chaque chambre a sa salle de bain mais il arrive que la toilette ne fonctionne pas à cause du manque d’eau. Ceci est très normal au Niger.
Nous sommes deux canadiennes et quatre religieuses africaines. Dans la journée, deux jeunes religieuses africaines viennent étudier au collège. À l’école, il y a un bâtiment pour trois classes à la fois. Nous avons aussi les bureaux de la direction générale des écoles missions de tout le Niger. Chaque classe a deux portes et une fenêtre. À chaque jour, les enfants balaient la classe. La cour est en sable et dès qu’il y’a du vent, tout devient sale. C’est toujours à recommencer.
Il y a des précautions à prendre. Les religieuses m’achètent de l’eau en bouteille pour que je ne sois pas malade. Souvent, les repas ressemblent au Québec. Par contre, la manière de cuisiner est différente. Nous avons le riz avec des fèves rouges, des pâtes avec des sauces, du mouton, le taboulé, des œufs et un peu de viande hachée. Les desserts se résument au yaourt maison, jello et tapioca. Se rendre au marché peut être toute une aventure ! Il est important de bien connaître les prix des produits qu’on désire acheter.
Quant à l’enseignement, les élèves utilisent des livres qui ressemblent à ceux des années 1960. En première année, ils sont 76 dans la classe. Ils ont des mots-étiquettes à apprendre à chaque semaine. L’écriture attachée commence tout de suite en première année. Ils ont beaucoup de français oral car leur langue maternelle est le zerma. Avant de s’exécuter dans un cahier, l’enfant doit faire trois exercices sur son ardoise. À chaque trimestre, il y a une session d’examens. Tous les tests sont écrits au tableau et l’enfant répond dans son cahier. Au Québec, un petit test dure 15 minutes. Ici, cela dure 1 heure et plus. C’est très long et les enfants deviennent rapidement agités. On doit faire un peu de discipline.
Pour mieux connaître la population et les environs, j’accompagne les gens dans leurs activités et j’apprends à vivre à leur rythme de vie. C’est une bonne façon de comprendre un peu plus leur culture et de s’intégrer. J’ai la chance de travailler sur plusieurs projets. J’ai participé à la fondation d’une école de musique et la mise en place d’une bibliothèque municipale où j’ai amassé plus de 10 000 livres ! J’accompagne des jeunes qui vivent en prison, en aidant à leur fournir quelques repas supplémentaires par semaine, etc.
Revenir pour mieux repartir
Après s’être investie depuis quelques mois, il faut penser à revenir. Ce n’est pas toujours facile. Nos valeurs ont parfois évolué et on ressent bien souvent un choc quand on retrouve le confort de nos maisons et l’abondance de nos possessions. Avec le temps, il est important de redevenir Québécoise et non Africaine.
Aujourd’hui, en 2016, j’en suis à mon cinquième voyage en Afrique. J’ai visité d’autres pays, comme le Burkina Faso et le Kenya. Toutes ces expériences ont confirmé mon vif désir de continuer à m’impliquer avec les sœurs NDPS, dans leur mission au Niger. La vie est bonne pour moi. J’espère avoir la santé et l’énergie pour continuer à découvrir l’Afrique et à aider mon prochain au meilleur de mes compétences.
Lucie Chabot-Roy