
LA VIE CHEZ-NOUS
A toute la famille, amis(es) et sœurs de la congrégation NDPS n’ayant pu assister aux funérailles de sœur Jacqueline Blier, vu les circonstances actuelles, nous vous présentons la cérémonie qui a eu lieu le 27 mai dernier à la Chapelle de la Maison mère.
Autobiographie de Sr Jacqueline Blier (Sr Ste-Alda)
Je suis née le samedi 27 mai 1939 à Saint-Philéas de Villeroy. Alda Côté et Alphonse Blier étaient mes parents. Je fus baptisée le lendemain. Dans une famille de quatorze enfants, j’arrivais la septième. Nous étions 6 filles et 8 garçons. Nos parents étaient croyants et pratiquants. Aujourd’hui, je rends grâce au Seigneur pour l’éducation reçue dans l’amour et, très jeune j’ai appris le sens des responsabilités. Papa était un homme qui ne «parlait qu’une fois» et nous le savions! Il n’avait pourtant pas peur de se rouler par terre avec les enfants: ça nous amusait et lui, comme ça devait le reposer de rire après une grosse journée de travail comme cultivateur. Pendant ce temps, maman tricotait en chantant; souvent, elle se mordait les lèvres pour ne pas rire, faisant semblant de ne pas nous voir! Que nous aimions rendre visite aux oncles et tantes pour nous amuser avec les cousins et cousines pendant que les grands jouaient aux cartes ou partageaient leurs bons ou mauvais coups! Ces visites étaient réservées aux dimanches en après midi. C’était la récompense pour celle qui avait gardé les plus jeunes.
Mon enfance se déroulait bien jusqu’au jour où un triste événement est venu briser le fil de ma vie plutôt paisible. Un après-midi, à l’école, mon professeur me retourna à la maison car j’étais malade. Le lendemain, papa m’a amenée à l’hôpital. Résultat des examens: une inflammation pulmonaire qui s’est transformée en tuberculose. Ce qui m’a valu une année complète d’isolement et de cure. J’avais 10 ans. C’est de l’hôpital que mon grand frère Lauréat est venu me chercher pour que je puisse recevoir le sacrement de confirmation. Quel beau jour! L’Esprit-Saint a eu pour moi beaucoup de délicatesses : je peux dire que j’ai été gâtée! À l’hôpital, la religieuse responsable venait me chercher chaque jour, à une heure, pour dire le chapelet au micro. Seule, agenouillée sur un prie-Dieu, je prenais soin d’étirer ma robe de chambre pour ressembler …à une sœur ! Je crois que, dès ces moments-là, j’ai pensé à la vocation religieuse. J’avais toujours hâte au lendemain pour reprendre mon activité préférée : prier et aider les autres malades à prier.
La souffrance qui a marqué mon âme de petite fille a poursuivi son œuvre mystérieuse. À douze ans, j’ai été opérée pour un goitre extérieur toxique avec trachéotomie. Malgré mes nombreuses absences scolaires, j’ai pu me rattraper et je réussis mes examens de fin d’année. Ensuite, pensionnaire chez les sœurs de la Congrégation Notre-Dame (cnd) à Arthabaska l’invitation m’a été lancée d’entrer dans cette communauté. Maman était malade. Je me devais de rester à la maison pour l’aider tout en faisant ma 11e année par correspondance. Ouf! chimie et algèbre… j’ai cependant réussi là aussi.
J’étais engagée pour enseigner à Villeroy en septembre 1959. Je suis donc allée à l’école normale de Saint-Damien en 1958. Malgré le contrat signé avec la commission scolaire je suis entrée chez les sœurs du Perpétuel Secours le 10 août 1959. J’ai fait profession perpétuelle en 1966 et fêté ma noce d’or en 2011. J’ai enseigné pendant dix-huit ans et agi comme agente de pastorale paroissiale le même nombre d’années.
Merci mon Dieu pour la confiance que tu m’as faite en remettant la vie spirituelle de tant de personnes entre mes mains. Je te les donne avec mes cordes vocales et le peu de santé que j’ai. Fais vibrer ta harpe; fais chanter sous tes doigts divins la corde de l’Amour juste assez pour que je puisse te chanter avec joie : «Seigneur, tu sais bien que je t’aime»
Que ta volonté soit faite! Amen.
Chère sr Jacqueline,
Tu as été une femme exceptionnelle! On ne sait pas quel est ton quotient intellectuel mais il est sans doute très bon ! C’est spécial d’avoir enseigné l’orgue alors que tu ne le savais pas! Et quand on t’a confié la bibliothèque, tu as fait ce travail comme si cela allait de soi! Comme tu le dis, la maladie t’a beaucoup visitée mais tu as eu la grâce de ne pas te laisser abattre… Tu étais une amatrice de cartes et tu avais du talent à revendre pour faire des œuvres d’art, des signets, malgré les déformations de tes mains. Que de beaux souvenirs nous gardons de toi, de ton sourire, de ta « volonté de fer » ! Que le Seigneur te continue ses délicatesses et te comble de son amour ! Continue à nous aimer.
Repose en paix.