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MISSION HUMANITAIRE

Ma mission et celle de ma famille

Depuis de nombreuses années je connaissais et visitais mes tantes religieuses Elisabeth et Monique Hudon à la maison mère de Saint-Damien. C’est par elles, en partie, que j’ai décidé de suivre la formation qui me préparait avec d’autres participantes à faire un séjour dans une des missions des Sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours.

L’aventure missionnaire commença pour moi en 2003, en Bolivie, à la maison Santa Rita, un foyer pour personnes âgées. J’y ai fait un stage de quatre mois. Puis à l’automne 2004, je partais pour un deuxième séjour de quatre mois au Burkina Faso à la maison régionale de Ouagadougou. Je suis revenue en mars 2005.

J’ai vécu des moments inoubliables dans ces deux lieux de mission. Vivre la vie de communauté pour la plupart du temps (les laudes, les vêpres, etc..) c’était toute une expérience, qui souvent était escamotée car, tout de même, je ne suis pas religieuse. J’aimais assister à la messe quotidienne et surtout entendre les sœurs chanter : une grande douceur pour mes oreilles.

La disponibilité, l’ouverture, la joie de vivre des sœurs que je considérais comme mes sœurs m’ont permis de m’amuser, de découvrir ces coins de pays et de participer à la vie réelle de ces populations. J’étais en admiration devant ces religieuses, bâtisseuses qui, dans l’ombre et humblement, ont collaboré à la libération des femmes et qui ont été des femmes d’affaires d’envergure.

Avec les Boliviens et les Burkinabés j’ai partagé leur quotidien. Ces gens de cœur, généreux et courageux m’ont beaucoup appris. Les connaître, c’est les aimer mieux.

Toutefois, ma mission ne s’est pas arrêtée là ! Après avoir monté un projet d’aide humanitaire, Je suis retournée quatre fois à Ouaga pour soutenir et bonifier les travaux entrepris. Puis j’ai transmis le feu qui m’habitait à ma fille Gladys Chamberland, à son conjoint Yves Carrier, à mon petit-fils Charles-Élie et sa demi-sœur, Maude. Au fil des années, Yves assura la continuité des projets avec des amis et collègues.

Nous avons travaillé pour différents groupes et pour deux communautés, soit les sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours et une communauté autochtone, les sœurs de l’immaculée Conception. Partout, on nous accueillait avec joie et reconnaissance pour l’aide apportée et partagée. Merci à ces sœurs et amies d’avoir enrichi ces moments inoubliables de ma vie.

En 2016, Gladys, Yves, Charles-Élie, Maude, accompagnés de Louis Chabot et Suzanne Hamel s’étaient envolés pour le Burkina Faso avant Noël. Après avoir apporté leur aide aux deux communautés religieuses, quelques-uns s’apprêtaient à revenir au Québec. Une équipe revenait justement de Manni pour saluer les partants lorsque, brutalement, la vie leur fut enlevée dans l’attentat terroriste, du 15 janvier 2016 à Ouagadougou. Six personnes décédées dont quatre de la famille Carrier. Nous sommes encore à panser nos blessures. Je demeure là à me questionner… Ce sont les miens. Je cherche encore comment continuer sans nos vaillants soldats de l’amour… sans nourrir de colère… Comment contrer cette violence et faire place à plus d’amour sur cette terre ?

Hélène Boudreault