MISSION HUMANITAIRE
Ma mission humanitaire en Afrique, au Burkina Faso : un rêve réalisé en janvier 2016
Un rêve d’enfance
J’avais 5 ans et je venais tout juste de commencer l’école. Sur le bureau du professeur il y avait une photo d’un enfant noir sur une petite boîte, dans laquelle on pouvait déposer des sous pour venir en aide aux petits Africains. Plusieurs élèves donnaient des sous, mais à la maison nous étions très pauvres et ça me faisait beaucoup de peine de ne pouvoir rien donner. C’est à ce moment que je me suis dit qu’un jour j’irais les aider… moi-même. Tout au long de ma vie cette idée revenait dans ma tête. Il y a 5 ans, j’ai commencé mes démarches, mais rien de positif jusqu’à ce que je sois dirigée vers les Sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours. À l’automne 2014, j’ai fait une formation missionnaire avec la congrégation et je suis partie en Afrique le 10 janvier 2016, pour réaliser un rêve que je chérissais depuis mon plus jeune âge. J’osais à peine y croire.
Arrivée en Afrique
Après une vingtaine d’heures d’avion, et très fatiguée, j’atterris à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Il était environ 5 heures. Les gens reviennent du travail… Camions, autos, motocyclettes, bicyclettes, ânes, chèvres, ont tous droit à leur place sur l’autoroute où il y a très peu de feux de circulation. Je n’en croyais pas mes yeux. Une circulation pêle-mêle où tout semble permis.
Les femmes très fières portent de belles robes colorées. Elles retournent à la maison sur leur moto parfois pleine de bagages. Sœur Madeleine vient me chercher. Elle se faufile à travers tout ce trafic. C’est hallucinant. De chaque côté de la route, il y a des kiosques, collés les uns sur les autres, où chacun vend quelque chose. On trouve de tout : fruits, légumes, viande, vêtements, essence, garage, et tout ce qu’on peut imaginer. Les femmes portent un vase rempli de toutes sortes de choses à vendre sur leur tête, et s’approchent des voitures pour les offrir.
Je passe une semaine à Ouagadougou, avant de partir pour Manni, gros village dans la brousse, à peu près à 4 heures de route où je passerai trois mois à aider dans une classe de maternelle. Je suis complètement dépaysée à mon arrivée à Manni. À cette période de l’année, le vent présent (l’harmattan), les routes de sable rouge soulèvent la poussière et j’ai du mal à respirer. Je me demande bien ce que je suis allée faire aussi loin de chez-moi. Est-ce que je pourrai passer 3 mois ici?
Mais cette pensée ne dure pas longtemps. Sœur Marguerite, directrice, sœur Raïssa et sœur Augustine me souhaitent la bonne arrivée, en chantant une chanson de bienvenue et avec un bon repas. D’ailleurs Paulin, prépare toujours de bons repas ainsi qu’un petit mets québécois pour faire plaisir. C’est quelqu’un d’exceptionnel, qui a le cœur sur la main. Je me sens bien.
Dans la chambre, un lit, bureau, garde robe et aussi la douche qui est très appréciée. Les enfants de la maternelle me font un accueil remarquable. Ils connaissent tous mon nom et m’appellent « Tantie Marielle ». Je les aime tout de suite. Abdoul, 3 ans, ne veut plus me quitter et me suit partout. Il touche mes bras, mes mains, mes cheveux… Je crois que c’est la première fois qu’il voit une « blanche ». Tous les enfants sont très attachants. Ils aiment s’amuser, rire, chanter, danser. Plusieurs d’entre eux doivent apprendre le français en plus de pratiquer la connaissance des chiffres et des lettres. À la pause, ils se rassemblent tout autour de moi à qui serait le plus près… on joue au ballon, on chante, ils adorent réciter des poèmes… Ils me regardent et leurs yeux parlent.
Au village, jeune ou vieux, tous te saluent et te serrent la main. Ce sont des gens travaillants qui se lèvent très tôt le matin. À tous les jours, ils vont chercher plusieurs bidons d’eau au puits pour subvenir aux besoins de la journée. Un âne qui tire la charrette est le moyen pour transporter les charges lourdes. Il y a de grands jardins communautaires et malgré un sol sec et toutes les difficultés pour irriguer, la récolte des légumes est impressionnante. Près des barrages, il y a des rizières à perte de vue. Les femmes travaillent très dur pour transformer le mil, le maïs, les arachides, et séparer les grains de riz. Et tout se fait manuellement, sous le soleil brûlant.
Il n’y a pas que le manque d’eau qui est un problème. À tout moment de la journée il peut y avoir coupure d’électricité qui peut durer plusieurs heures jusqu’à quelques jours. Il y a la faim et aussi les soins de santé qui sont très restreints, sans compter les services sanitaires et la chaleur. Durant les dernières semaines de mon séjour la température atteint les 40⁰ à 43⁰ Celsius⁰.
Ce sont des gens avec une foi inébranlable. Les églises sont pleines à craquer avec une foule de monde qui s’étend jusqu’à l’extérieur. Les messes sont très animées. Le chant et la danse font partie des célébrations. Les jeunes s’impliquent beaucoup dans tous les organismes et sont très respectueux. À plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion d’échanger avec eux alors que je marchais dans le village. Ils veulent tous faire de grandes études, ils voient grands.
Les conditions de vie sont très difficiles mais une chose est sûre ce sont des gens très fiers. On ne les entend jamais se plaindre. Je crois que cette foi en Dieu qui les habite, y est pour quelque chose quand je vois leur sourire toujours au rendez-vous.
En quittant Manni, j’ai un pincement au cœur. Je revois tout ce que j’ai vécu depuis 3 mois. Les enfants, les gens accueillants et chaleureux du village, les célébrations, Paulin avec qui j’ai souvent cuisiné et les sœurs qui m’ont accueilli si chaleureusement. Elles sont très généreuses d’elles-mêmes. Elles m’ont réservé de belles surprises en soulignant mon mariage par une petite fête, le souper lors de mon départ, leur joie de vivre, les cadeaux, et toutes leurs petites attentions à mon égard. Elles donnent leur temps sans compter aux gens de la communauté. Merci à vous tous de m’avoir accueilli chez vous.
Je suis prête à retourner chez moi mais en même temps je m’ennuie déjà. Je passe la fête de Pâques à Ouaga avant de revenir à la maison. De belles célébrations en plein air. Il y a foule de monde et là aussi on sent la foi des gens. Il y a des milliers de personnes et on entendrait une mouche voler. C’est très touchant de vivre ces moments là.
Je reviens chez moi trois jours plus tard que prévu et comme c’était mon anniversaire, les sœurs ont organisé une petite fête pour moi et m’ont offert une belle robe (que j’ai choisie moi-même sans le savoir). Merci à vous toutes. Ça m’a fait vraiment plaisir.Quand j’ai quitté l’Afrique, à la question : « Est-ce que tu reviendras un jour? » Je répondais: « Je ne crois pas. » Et on me répondait toujours la même chose : « On ne sait pas… On ne sait jamais…»
Depuis que je suis revenue chez moi je n’en suis pas aussi certaine. Mes pensées s’envolent là-bas à tout moment et je ne fais rien pour les retenir. J’aimerais bien revoir tous ces gens que j’ai rencontrés et de qui je garde de très beaux souvenirs. Peut-être un jour pas trop lointain… Qui sait?
Merci à toutes les Sœurs NDPS de m’avoir accompagnée tout au long et de m’avoir permis de vivre cette expérience que je garderai dans mon cœur pour longtemps.
Merci aussi à mon conjoint pour ses encouragements et d’avoir accepté que je parte pour un aussi long moment.
Marielle Paquet